Alain Kaninda, Directeur Général de l'Autorité de Régularisation et de Contrôle des Assurances (ARCA)
Quelle est la place aujourd’hui de l’assurance dans l’économie de la RDC ?
Le secteur des assurances est un secteur qui est dans une dynamiquede renouveau. Parce qu’on a une nouvelle loi de libéralisation qui a été promulguée en 2015 et qui est entrée en vigueur en 2016.
C’est un secteur qui a pour vocation de vraiment soutenir notre économie et la financer. Vous savez que les assurances mobilisent beaucoup de capitaux dans le monde entier. Dans les pays les plus développés, le secteur des assurances soutient énormément le financement de l’économie et le financement du développement.
En RDC, le secteur des assurances était nationalisé, à l’époque, durant environ 50 années. Il y avait un monopole. Mais la RDC a décidé finalement de changer de stratégie. Et d’aller vers une libéralisation. C’est pourquoi la loi a été mise en place en 2015 pour ouvrir le secteur. On a estimé que les dividendes que nous devrions en tirer, seraient bénéfiques pour le pays. Donc depuis la libéralisation, qui est entrée en vigueur en 2016, et telle que prévu par la loi, l’ARCA, qui est l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances, est une institution qui a pour rôle de mettre en œuvre la réforme.
On joue vraiment le rôle d’arbitre dans ce secteur, nous avons la charge de contrôler, d’agréer toute les sociétés. Donc aux côtés de la société nationale, la SONAS, nous avons fait entrer les nouveaux opérateurs. Nous donnons les autorisations ou non d’entrer sur le marché des assurances, nous analysons les dossiers, nous donnons les agréments, nous émettons des licences. Cela concerne les sociétés d’assurance mais également pour des courtiers, ceux qui sont dans l’intermédiation. La loi nous donne également le mandat de contrôler toutes ces sociétés. L’une des principales missions que l’ARCA, dans le contexte de cette réforme, est d’assurer la protection des assurés. Aujourd’hui, en République démocratique du Congo, lorsque vous êtes en contrat avec une société d’assurance, elle doit le respecter. Lorsque vous avez un sinistre, un accident alors que vous êtes souscrit à un contrat d’assurance auprès d’un assureur, cet assureur doit vous indemniser et payer ce qui est prévu dans le contrat. À l’ARCA, notre rôle est de veiller à ce que ces sociétés respectent leurs engagements. Comme vous le voyez, nous avons vraiment un rôle central dans ce contexte de libéralisation et nous travaillons vraiment pour le développement de ce marché des assurances.
On parle du potentiel énorme de la RDC, s’agit-il du volet développement ? Y-a-t-il une attractivité pour l’assurance depuis l’ouverture de la libéralisation du secteur ?
Effectivement, nous regardons les statistiques. Faites des projections, on voit bien aujourd’hui que le marché de la RDC est une référence. Si nous prenons une moyenne même basse, le potentiel est exponentiel. La moyenne en Afrique du volume du portefeuille des primes d’assurance est de 3%.
En République démocratique du Congo, le marché doit être aux alentours de 5 milliards de dollars. Mais en 2019, avant d’accorder les premiers agréments, le marché n’était qu’à 80 millions de dollars. Depuis que nous avons ouvert le marché avec l’ARCA, nous avons donné des agréments à de nouvelles sociétés. Le marché a progressé rapidement et en 2022 nous avons clôturé le marché à 300 millions de dollars. Nous sommes encore à un niveau qui n’est pas encore celui du milliard.
Donc vous constatez que nous avons encore un potentiel important. Nous avons un cap de plus de 700 millions de dollars de primes d’assurance que nous devons récupérer et amener dans notre marché. Et pour ça, il faut avoir des opérateurs économiques mais surtout des opérateurs qui soient agressifs. Tels que les opérateurs du secteur minier, qui doivent respecter la loi, et qui doivent en comprendre l’importance, la respecter et savoir que le contexte nouveau et dans ce nouveau contexte, les sociétés qui opèrent au Congo doivent s’assurer ici, dans notre pays afin de pouvoir contribuer à cette dynamique nationale.
Une dernière question monsieur le Directeur Général, les entreprises d’assurance sont généralement accusées de ne pas prendre trop de risques. Or, justement, le secteur minier de la RDC et les opérateurs économique en général ont besoin de l’engagement des assureurs, comme les start-up. Qu’en pensez-vous ?
Effectivement, nous y travaillons, parce que certains opérateurs miniers disent, « nous avons fait de gros investissements, nous avons besoin d’avoir des sociétés d’assurance qui ont la capacité de nous accompagner comme cela se fait à l’international ». Nous leur disons aujourd’hui que le mécanisme est mis en place en RDC. Les sociétés d’assurance ont une capacité financière minimale qui est beaucoup plus importante parce que la loi l’a fixé. On demande 10 millions de dollars de capital.
Nous sommes attentifs à la gouvernance, ce sont des sociétés qui ont la capacité, d’accompagner les grands opérateurs économiques. Non seulement cela, mais nous veillons à ce qu’ils soient accompagnés par des sociétés de réassurance internationales qui sont distinguées par certaines notations. Aujourd’hui, tous doivent respecter la loi. Vous aurez la même qualité de service, mais aussi nous travaillons pour que nos opérateurs d’assurance augmentent leur qualité en termes d’offre de service, de sécurisation pour plus de confiance et pouvoir aussi davantage capter les risques localement avec leur organisation.
Merci Monsieur
Merci à vous.