Jean-Marie Kanda, Doyen de la Faculté de Polytechniques et professeur d'université́
Quelle est l’innovation qui pourrait propulser la RDC dans une autre ère ?
La solution innovante actuellement c’est permettre à la RDC d’acquérir ce qu’on appelle des précurseurs de batteries. Les précurseurs de batteries sont en fait l’ADN d’une batterie et la RDC, au travers de sa dotation minérale, peut fabriquer localement des précurseurs dits NMC, nickel, manganèse, cobalt. L’in- novation que nous cherchons à apporter, c’est de faire en sorte que l’électrolyte, qui peut être utilisé dans les batteries, soit un électrolyte formé sur le gel.
La cathode active material, appelée « les précurseurs », est une des innovations qui peut faire basculer la RDC dans les maillons de la chaîne des valeurs de la batterie, parce qu’aujourd’hui la RDC porte l’ambition de développer une chaîne des valeurs des batteries pour participer ou prendre l’avantage de l’opportunité qu’offre la transition énergétique.
Le KBM et vous ?
Les années antérieures, nous venions présenter les ambitions de la RDC, mais aujourd’hui avec le Centre afri- cain d’excellence, nous prônons que la RDC a pris en compte la construction des compétences et que la RDC s’est ouverte à d’autres pays pour construire ensemble un capital humain Africain. La participation du Centre Africain d’Excellence au KBM a permis que l’on discute des questions de la formation de la jeunesse, de l’employabilité de cette jeunesse et surtout des besoins des compétences dans le milieu industriel et notamment minier.
Avec quels autres chercheurs travaillez-vous au CAEB ?
Avec les chercheurs de la faculté de Polytechniques de l’Université de Lubu- mbashi (RDC), ceux du Centre africain d’excellence et de CPUT (Cape Peninsula University of Technology) en Afrique du Sud, ainsi que de Namibia Univer- sity (Namibie), nous travaillons sur ces innovations parce que le Centre Africain d’Excellence pour la Fabrication des Batteries (CAEB) se veut réellement africain.
Le KBM indique-t-il une croissance économique qui peut accélérer le développement durable en RDC ?
La croissance économique n’est pas nécessairement liée avec un dévelop- pement durable. Comme on le voit en RDC, les indices de croissance du point de vue économique sont au vert, mais, sur le terrain, on constate qu’il y a encore un impact négatif sur le quotidien du Congolais. Dire qu’une croissance écono- mique est équivalente au développement durable, je ne pense pas. Le concept même de développement durable vou- drait que ce qui est produit aujourd’hui puisse non seulement servir et bénéficier aux générations actuelles, mais aussi aux générations futures pour que les uns et les autres aient accès aux mêmes ressources et puissent construire leurs richesses. Je peux dire que plus on croit au développement durable, plus on peut être certain qu’il le sera.
Que dire du secteur minier congolais ?
Le secteur minier contribue au budget de l’État de l’ordre de 60% aujourd’hui à 70%. Ce secteur tient compte de l’exploration pour essayer de découvrir des gisements nouveaux qui sont porteurs de ce qu’on appelle des métaux contenus dans des roches minéralisées qu’on va appeler minéraux. Par exemple, le cuivre, un métal, est contenu dans la malachite, un minéral. Les opérations à entreprendre visent à transformer les minéraux pour extraire le métal, puis à transformer ce métal en un produit fini utile.
En RDC, nous sommes à plus de 100 ans de l’exploitation minière, mais il est nécessaire que cette exploitation minière soit responsable et qu’elle tienne compte de l’évolution de la population locale pour que celle-ci bénéficie des richesses produites. Ensuite, il y a la question de traçabilité pour gérer suffisamment le secteur artisanal.