Yannick Mbiya, Directeur Général Adjoint de la Trust Merchant Bank (TMB)

Pourquoi la digitalisation des opérations bancaires en RDC est-elle devenue un aspect incontournable des innovations financières ?

Premièrement, lorsqu’on parle du digital dans le secteur bancaire, il y a deux gros aspects. Le premier concerne la digitalisa- tion des processus parce que la banque est un très vieux métier avec énormément de tâches administratives, manuelles, et qui aujourd’hui bénéficient de la techno- logie et obtiennent plus d’efficience. Cela permet d’automatiser les processus, et augmenter la qualité de service qui est rendue au client. On peut mieux contrôler tous les risques inhérents aux processus et répondre plus vite au client. Cette partie de la digitalisation on ne la voit pas forcé- ment lorsqu’on est client, car ça se passe au niveau du back-office.

Deuxièmement, il y a la partie que le client voit. Ce sont les solutions digitales, c’est- à-dire le canal de transaction que l’on offre à nos clients pour leur permettre de faire ce qu’ils faisaient traditionnellement dans les banques physiques et qu’ils peuvent faire à partir de chez eux. Aujourd’hui, la TMB est totalement entrée dans la digitalisation mobile, une approche qui est mobile-centrique pour permettre aux clients, à partir de leur téléphone, d’intera- gir avec nous, leur banque.

Quels ont été les points forts pour la TMB de cette édition de la KBM 2023 ?

La quatrième édition du KBM se dis- tingue des années précédentes du fait que c’est une reprise. C’était important parce que beaucoup de secteurs ont été affectés par la crise du Covid-19. Après la pandémie, il y a eu des évé- nements majeurs à l’international qui ont eu des effets sur les économies, la guerre russo-ukrainienne en particulier. La reprise du KBM qui est un événement B2B, envoie un message fort : il faut que les entreprises continuent à fonctionner et pour ça elles doivent se rencontrer, discuter, échanger, dénicher ensemble les opportunités de travail, des synergies. Cette quatrième édition s’inscrit déjà totalement dans cette perspective.

Pourquoi était-ce important pour vous d’être présent à cette 4e édition ?

Parce que le contexte est particulier en RDC. En termes de valeur ajoutée, par rapport aux éditions précédentes, on sent que c’est un événement qui a mûri, avec un ciblage plus précis au niveau des industries qui sont porteuses et créa- trices de richesses dans notre pays. À ce titre-là, nous sommes très fiers d’être sponsor GOLD de la KBM 2023.

Que représente la TMB dans le secteur bancaire congolais en 2023 ?

Aujourd’hui la TMB est une banque régio- nale, c’est une banque qui fait partie du plus large groupe bancaire en Afrique de l’Est, le groupe KCB, et c’est une fierté de voir une initiative purement locale, qui a démarré à Lubumbashi, qui est devenue incontournable partout en RDC. Nous avons le réseau d’agences le plus large en RDC et ça a suscité l’intérêt d’acteurs panafricains de participer à ce que nous avons bâti ici. En 2023, nous sommes présents dans tous les États d’Afrique

de l’Est et avec une vocation de soutenir chacune des économies dans lesquelles nous avons des unités opérationnelles. La TMB, au-delà d’être un acteur reconnu au niveau local, est aujourd’hui devenue un acteur panafricain qui a pour ambition de soutenir toutes les subventions.

Comment comptez-vous vous y prendre ?

Le premier changement a été celui de la gouvernance, avec l’entrée en capital du groupe bancaire KCB, qui nous a fait passer d’un statut de banque locale à banque régionale. C’est un changement qui bénéficie aussi bien à l’économie congolaise parce qu’il augmente for- cément la capacité de la banque à répondre à des projets et aux besoins de financement plus importants avec des processus de syndication.

Le deuxième changement, c’est la digitalisation. C’est un élément clé au terme de nos dix ans d’activité où la TMB s’est voulue résolument digitale et donc a été la première à investir par exemple dans sa propre solution de paiement bancaire mobile, qui s’appelle Pepele Mobile. Aujourd’hui, ce modèle a fait son bonhomme de chemin et montre qu’il

y a une partie de la population qui veut travailler avec des institutions bancaires financières autrement. Nous devons nous adapter à notre temps et nous de- vons nous adapter aussi aux aspirations de nos populations.

Le troisième changement, c’est l’ou- verture en termes de financement aux nouveaux secteurs qui sont porteurs de croissance pour notre pays. Je pense au secteur de l’énergie, qui a été libéralisé il y a quelques années, après avoir évolué sous un monopole d’État. Maintenant qu’il est libéralisé, il est important pour les banques de soutenir les acteurs pri- vés qui investissent dans ce domaine.

Qu’avez-vous pensé du thème de cette édition « Débloquer le potentiel économique de la RDC pour une croissance durable et équitable : enjeux et perspectives » ?

Il a été très bien choisi, j’y rajouterais un mot fort « l’inclusivité », en termes de croissance, qui est revenu dans les débats. La RDC est un pays qui traverse une phase de développement industriel qu’on ne doit plus prouver, nous avons aujourd’hui des compagnies mondiales majeures, dans le secteur minier ils sont parmi les plus gros projets au monde. Le pays a également une place de choix en termes de producteurs, par exemple de commodités telles que le cuivre et autres. Il y a des recommandations intéres- santes qui ont été faites lors des panels et les différents travaux. Nous espérons maintenant qu’elles vont atteindre les dé- cideurs pour qu’elles soient appliquées.

Est-ce que la RDC redevient un pays attrayant pour les investisseurs étrangers ?

Cette question ne se pose plus, parce que nous avons des ressources qui sont suffisamment attrayantes pour tout

type d’activité. Nous avons la force du nombre avec la taille de nos populations et cette force se traduit aussi en termes de marché de consommation. Par contre, le point essentiel qu’il faut relever, c’est être capable de soutenir une crois- sance que l’on dit inclusive et donc qui doit réellement bénéficier aux entreprises locales qui se situent en RDC.